La pluie est au rendez-vous, intermittente mais journalière, froide lorsqu'elle colle la cape au maillot à manches courtes qui ne demanderaient, qu'à voir le jour pour sécher un peu de la sueur accumulé par les kilomètres. De belles éclaircies malgré tout qui, trop brèves, ne permettent cependant pas d’ôter la cape, ou alors juste le temps d'apercevoir l'ondée suivante se rapprocher...
Mais en juin le soleil reviendra dardant ses rayons, réchauffant cœur et corps et toute cette humidité sera vite oubliée, comme si ce long périple n'aurait été qu'une suite de plaisirs des gens et des paysages rencontrés. Seul témoin de cette fenêtre humide dans le temps qui passe, les photos grisonnantes comme mes cheveux sous mon chapeau resterons pour rappeler que la terre avait besoin d'eau également.
Cette dernière étape du 24 mai restera dans ma mémoire comme la plus longue marche en quatre années sur ce chemin aller et retour. Trente six kilomètres, c'était bien long. Mais aujourd'hui jour de détente : Marche. Non ! C'est de l'humour... Je suis donc arrivé hier au soir chez ma petite sœur Anne d'Angoulême. Mon beau-frère Salah, les enfants Elias et Askyl contents de voir le vieux tonton un peu original qui traverse et retraverse la France à pieds...
Cette option de la voie de Vézelay, de Périgueux à Montréal du Gers, est sympathique. Quelquefois bien entretenue, quelquefois bien moins, mais toujours excellemment balisée dans un sens comme dans l'autre.
Mézin, Nérac, Aiguillon, Laparade, Saint Pastour, Castillonnès, Bougniades, Lembras, Villemblard, Saint Astier... En vérité, peu de gîtes d'étapes mais heureusement d'assez nombreux campings.
A Saint Astier je bifurque vers le nord-ouest pour me rapprocher d'Angoulême, Périgueux étant nettement à l'est n'est plus mon chemin de retour puisque je rejoint Poitiers. Ce sera donc par les bourgades de Tocane St Apre, Verteillac et Larochebeaucourt & Argentine que je relie Angoulême.
Après avoir quitté le chemin vers l'ouest qui conduisait à Montréal du Gers, me voici plein nord sur cette voie optionnelle et peu empruntée en provenance de Périgueux, le GR654E. Peu avant midi, un cultivateur dont la ferme jouxte ce chemin, vient à ma rencontre et nous causons quelques instants. Alors que je m'enquière de la nature de son vignoble situé à proximité, il me propose de goûter à son "Floc" maison. Me voilà donc reparti avec l'une de mes gourdes de réserve d'1/2 litre emplie de Floc, que je pourrait partager au soir au gîte d'étape suivant.
Peu après Fourcès, village où les habitations à arcades se regardent, en cercle autour d'une grande place, une rencontre inaccoutumée :
Un homme de 80/85 ans sortant de son jardin et s'enquérant de mon parcours, me raconte son aventure de 1939-1945. Pointeur dans le tank de tête de la 2ème DB lors de la libération de Paris !!! Rien que ça. La passé me rattrape un moment, là, où la traversée de nombreux villages aux pierres d'un autre temps me semblaient comme étrangère, moi qui remontait comme si, seul, le présent existait.
Un homme de 80/85 ans sortant de son jardin et s'enquérant de mon parcours, me raconte son aventure de 1939-1945. Pointeur dans le tank de tête de la 2ème DB lors de la libération de Paris !!! Rien que ça. La passé me rattrape un moment, là, où la traversée de nombreux villages aux pierres d'un autre temps me semblaient comme étrangère, moi qui remontait comme si, seul, le présent existait.
En direction de Nérac, par un détour rendu nécessaire à cause de l'état du chemin à certains endroits, passant devant une maison isolée, je me vois interpellé par un homme : "Un petit café ?" Me lance-t-il. "Volontiers répondis-je !". Et me voilà posant sac, bâtons et gourde, tout heureux de ce moment de causerie inattendue et restaurateur.
Tandis que l'homme me tend un verre de café bien chaud, son épouse me tend une part de gâteau-maison, qu'il fait bon déguster, alors que six à huit kilomètres me séparent encore de mon point d'arrivée.
Je ne pourrais pas ne pas citer l'accueil à la ferme "Les Glaudes". Nom rappelant le film culte de "La soupe aux choux". Mais là point de soucoupe volante, mais des Cultivateurs retraités qui occupent le temps de leur retraite en accueillant les rares pèlerins de passages ou d'autres visiteurs itinérants. Le tarif qu'ils demandent est très bas, et après les précédentes étapes on s'en sent presque gêné : 15€ 1/2 pension. Bien sûr le repas est simple comme le sont les propriétaires du lieu. Soupe additionné d'un peu de pain et omelette. Au matin café, pain beurre et confitures-maison. Pour un pèlerin c'est presque du luxe.
Le week-end de Pentecôte me réserva une surprise mais de celle que l'on espère ne pas rencontrer : Pas de commerce entre Lembras (à l'écart de Bergerac, évité à cause de la distance entre les deux gîtes) et Villemblard. Donc pas de dîner, le demi casse-croûte de midi restant de la veille au soir, était disparu depuis longtemps dans les jambes au long des kilomètres. Au matin suivant un Boulanger ouvert à 7h30 me permis toutefois de ne pas partir sans rien dans l'estomac vu la distance du jour.
Voilà pour l'heure, les quelques commentaires que m'ont inspirés ces deux semaines passées.
Rendez-vous dans peu de temps aux abords de Tours.
Amitié aux uns et bises aux autres.
Gilles
Rendez-vous dans peu de temps aux abords de Tours.
Amitié aux uns et bises aux autres.
Gilles