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samedi 4 novembre 2006

Quête d’octobre

Chemin vers Saint Jacques de Compostelle
Du Puy en Velay à Santiago de Compostela – 1600Kms


Cette longue semaine d’octobre m’a emmené, pour partie, sur le chemin que j’avais réalisé en 2004 en compagnie de Stéphanie et d’Albertine.

Je m’arrêtais au Carmel de Moissac, certain, que j’y avais quelque chose à redécouvrir… Là, je franchis l’entrée des pèlerins, où j’étais entré, épuisé, il y a deux ans, le sac sur le dos et les pieds brûlants, puis accueilli avec une chaleur hospitalière qui m’avait beaucoup marqué… Ne trouvant personne à l’intérieur en cette période avancée, et mon intuition me disant de rebrousser chemin, je réfléchissais à toute la route entreprise pour passer ici et je ne voulais pas partir sans au moins une rencontre à qui exprimer ce que je venais faire ici.

Après un moment, ne trouvant toujours personne, je décidais, malgré tout, de retourner vers l’entrée. Là, comme à l’évidence, et comme je le sentais, je rencontrais ceux qui allaient me conduire vers la personne que je souhaitais revoir.

Je rencontrais donc, Mickäel, le réflexologue, dont j’avais, deux ans auparavant, bénéficié des soins. Nous discutâmes longuement des qualités de cet endroit particulier et de toutes les ondes bénéfiques que l’on y ressent. Je l’entretenais également de mon désir depuis mon passage ici et le chemin de cette année là, de mon intention de me former et de m’instruire dans cette discipline, afin de pouvoir, quand l’heure de la retraite aura sonné, la pratiquer sur le chemin 1 ou 2 mois l’année, voire plus. Je ne sais pas encore où, bien évidemment. Il m’encouragea vivement dans cette voie, et je vis là, une pièce supplémentaire à mon puzzle qui se mettait en place. Je repartais vers le sud-ouest en passant soigneusement par chacune des étapes de cette année là, et revivais avec beaucoup de bonheur tous ces instants vécus, qui m’appelaient à continuer sur cette voie éclairée.

Arrivé à Aire Sur l’Adour quelque 200kms plus bas, je rencontrais de nouveau notre ancien prêtre de Formerie, que j’avais également rencontré en 2004, puis 2005, en y passant avec les sacs à dos, puisque ce fut notre ville étape. Beaucoup d’informations échangées, là aussi, m’engageaient plus avant sur cette nouvelle route.

Je remontais ensuite pour rentrer chez moi, par la Lozère. Je rencontrais là, avec beaucoup de plaisir Jean-Marie et Marie-Rose, qui m’accueillaient avec une joie partagée. Je passais la journée avec Jean-Marie à la chasse au sanglier. Une activité inconnue pour moi, qui me permit surtout de ramener des ceps cueillis dans ces grandes forêts de l’Aubrac à l’ombre des sapins, où ils prolifèrent. Puis rentrant au bercail par des prés, nous ramassâmes de superbes coulemelles, dégustées le soir même, retournés dans des oeufs et recouverts de chapelure, cuisinées par Marie-Rose un fin cordon. Un délice.

Le jour suivant, repassant par la Bourgogne, je n’envisageais pas de passer sans avoir au moins essayé de rencontrer Chantal, une animatrice de Psychophonie, près d’Autun, avec laquelle j’avais, quelques années auparavant, découvert cette discipline en compagnie de Stéphanie. Une expérience très intéressante, qui me sert bien sûr encore aujourd’hui. Je comptais arriver en fin de journée dans ce tout petit village de Bourgogne, perdu dans les collines, où un GPS est bien utile pour venir à bout des tours et contours. Je fis le chemin au filling, me fiant à mon instinct, un peu à ma mémoire. Le GPS m’évitant de grossières erreurs. Arrivé vers 16h je remarquais de nombreuses voitures au domicile de Chantal. Il y avait donc un stage en cours. Je décidais donc de quérir un gîte pour la nuit et de revenir ensuite à la fin de la journée de stage. Je refis donc de mémoire, le chemin fait deux ans auparavant lors d’un stage à cet endroit, car j’ignorais le nom du village. Je trouvais enfin le gîte de Jean-Pierre où je passerai la nuit. Celui-ci me reconnu et nous parlâmes de Chantal qu’il ne voyait plus guère (il y a 17 kms entre les deux lieux et les stagiaires préfère regagner Autun). Je repris le chemin de Montromble et arrivais chez Chantal, croisant les voitures qui quittaient son domicile. Celle-ci fut enchantée de me voir.
Là encore une autre pièce du puzzle m’encourageait à avancer coûte que coûte.
Chantal me prêta un livre sur le massage métamorphique. Avec là, prise en compte globale de l’individu,  qui semble coller à mes aspirations et à mes capacités du moment. Nous sommes allés dîner ensemble à Autun, puis après avoir déposé Chantal chez elle, je bénéficiais d’une nuit bien calme au gîte de Jean-Pierre.
Je rentrais vers la maison, car ma destination suivante, pour intéressante qu’elle fut coupé par ce moment présent où j’écris, je suis immobilisé par une cruralgie fort douloureuse qui m’oblige à faire un "arrêt sur image", afin d’approfondir ma réflexion, avant de terminer les 18 mois de travail actuelle qui me restent et de prendre cette nouvelle route.

Sans que j’en évoque le détail, de nombreuses informations croisées entre tous ces amis rencontrés m’ont permit d’avancer et de forger un avenir plus certain, en même temps que ceux-ci devaient à l’évidence y trouver aussi quelques matières à réflexion.

Mon périple d’octobre devait passer en dernier lieu par les Ardennes où je devais rencontrer une amie rencontrée sur le chemin de Compostelle en 2005. Mais cette rencontre était remise. Par contre les informations échangées par téléphone, me permirent de l’informer que ma dernière rencontre pouvait l’aider à trouver les informations qu’elle cherchait elle-même pour une activité dans sa région (ateliers de chant avec des retardés mentaux). Le monde est si petit.
Gilles
à suivre…

vendredi 21 juillet 2006

Avant: Des idées vous traversent l’esprit…

Avant de partir… Bien se préparer…

C’est plus dans la tête…Q : Et les chaussures… Et les vêtements… et pour la pluie… Et le soleil… Ah ! Oui. et les ampoules… Et les insectes, les moustiques…
R : Et bien regardez les liens du site il y a des centaines de sites qui en parlent bien mieux que je ne le ferais (faites une recherche sur google ou autre). Mais le matériel a son importance : En 1er vos chaussures, choissisez les avec soin et entraînez-vous avec. Ensuite votre sac à dos (le compagnon le plus intime pour 1600kms), vêtements faciles à sécher (le coton n’est pas forcément l’idéal), le bâton (un vrai bourdon de 2 mètres si vous avez des bras comme popey, sinon un ou deux bâtons de randonnée en aluminium), appareil photo (ou carnet pour croquis, si vous en avez le don). un mobile (pas indispensable, surtout si l’on est parti pour se couper du monde).

Vos meilleurs amis pour ce chemin : Vos pieds… Prenez-en grand soin… (Lisez les conseils prodigués sur beaucoup de sites)
Votre pire ennemi : Vous même et votre peur de manquer, qui vous fera charger votre sac à dos de multiples inutilités, mais qu’il faudra porter tout le long du chemin… (En 2005, je suis parti avec 16kgs, j’en ai renvoyé 4 par la poste au bout de trois jours… Cette année 2006, malgré l’expérience, j’avais au moins 3kgs de vêtements ou matériel superflus… Pour la prochaine fois c’est juré je limite à 10kgs eau et nourriture comprise…)

Partez avec le coeur ouvert comme un enfant qui découvre le monde, et chaque jour un peu plus, laissez de coté vos préoccupations, laissez tomber vos à priori, vos certitudes, vos peurs du lendemain, de l’inconnu…

N’oubliez pas de noter vos réflexions chaque jour… Plus tard vous serez heureux de retrouver ces notes et les sentiments liés aux situations qui les ont suscités vous reviendont en même temps que le souvenir de ces moments importants.

Des “idées reçues”, des “on dit”, des “on m’a dit que…” des “il paraîtrait que, mais je suis pas vraiment sûr”…

un peu d’humour…

Q : Il y a des serpents sur le chemin ?
R : Comme ailleurs, je n’ai sans doute pas eu de chance, je n’en ai jamais aperçu (et je le regrette), juste une malheureuse couleuvre apeurée par notre passage…

Q : il y a encore des loups sur le chemin !!!
R : no comment.

Q : Et des ours !!!
R : Sans doute… Et des baleines ? Et des crocodiles…

Gilles
A suivre…

Lettre à Elodie

Lettre à Elodie, jeune maman sur le Camino, qui souhaitait connaître l’expérience d’autres pèlerins rencontrés.

L’idée du Camino n’était pas mienne, mais quand ma fille (sage-femme comme toi) me le proposa, je sentis comme bien trop ‘gigantesque’ cette entreprise, mais en même temps je la ressentais comme une épreuve nécessaire pour avancer. (mon épouse décédée en 1995, j’avais toutes les peines du monde à entrevoir un avenir serein. Un peu comme si les autres continuaient leur vie et que j’étais sur le bord de la route en sursis). Je n’avais pas d’attente particulière en entreprenant le Camino, et pourtant j’allais en tirer année après année, une joie de vivre et de poursuivre la route le plus loin possible. Aujourd’hui, j’ai 20 ans de projet devant moi et beaucoup de projets que j’avais rangés dans l’oubli et qui sont également prêts à resurgir si le temps me le permet…

De la marche en groupe à 16 en 2002, puis à 10 en 2003, j’avais appris, ou réappris, le partage en groupe bien sûr, tantôt porté, tantôt se laisser porter, mais aussi à rester un peu en retrait des autres membres, essayant de ne pas obligatoirement me sentir concerné ou impliqué dans chaque action ou discution. J’imaginais aussi ce que chacun dans ce groupe pouvait tirer de cette expérience ce que ces relations croisées pouvaient leur apporter. Sans doute différent pour chacun, suivant son expérience et ses attentes.

De la marche avec ma fille Stéphanie en 2004, et la rencontre avec une jeune allemande, un peu égarée loin de son pays, et cherchant peut être à se raccrocher, j’en ai tiré l’expérience d’une amitié tellement forte, qui allait devenir une véritable Love story entre un ‘père’ et sa ‘fille’ (adoptive évidemment). Si forte, d’ailleurs, qu’elle et son petit-ami sont en route en ce moment même où je t’écris, à vélo depuis l’extrémité de l’Allemagne pour le seul plaisir de venir me voir ! J’ai eu l’occasion de rencontrer sa maman à Chemnitz alors que j’étais invité là-bas autour de Noël 2004, et elle me fit part de ce que sa fille avait apprit du chemin, mais plus particulièrement de ce que notre rencontre l’avait murie. Pas tellement de ce que j’avais pu lui dire, car à l’époque ce qui me restait de l’anglais scolaire était bien loin, mais plutôt de son sentiment global de cette rencontre (nous avions cheminé 8 jours tous les trois). Et là d’un seul coup l’on se sent utile aux autres, et la vie reprend du sens. Et l’amour que l’on donne et que l’on reçoit dans le même temps, bien que l’on en comprenne pas toujours tout le sens, ne reste jamais sans effet. Une bien belle expérience et une belle caresse dans ma vie : Imaginer qu’elle et son petit-ami veuillent faire tout ce chemin pour le seul plaisir de se promener, soit. Mais accepter avec humilité que c’est pour moi qu’il le font, c’est une expérience bien plus difficile a accepter. Il est plus facile de donner que d’accepter avec humilité. Comme quoi les choses évoluent toujours et ne sont jamais fixées. Et aussi le fait de dire les choses et d’échanger avec d’autres, fait avancer bien plus que d’y réfléchir seul.

Puis en 2005, marchant de nouveau avec Stéphanie, d’autres rencontres plus nombreuses ont réitéré à des niveaux différents ces nécessités d’aller vers les autres avec le coeur ouvert afin de les rencontrer réellement (et là je pense à l’haptonomie que l’on exprimait ensemble sur le chemin). Et pour moi, nouveaux amis, nouveaux voyages. J’ai revu des pèlerins 2005 cet automne et ils viennent me voir en 2007.

Cette année 2006, partant seul, j’ai découvert, après le stress du départ isolé, et par obligation, le désir, mais aussi la nécessité ‘d’oser’ faire le premier pas. Pour aborder un autre pèlerin, ou un habitant. Ce n’était pas extraordinaire en soi, mais mon expérience de vie avait toujours souffert de cette timidité naturelle ou de cette peur du ‘je ne sais quoi’ : Cette espèce de peur que ‘l’autre’ puisse bien penser sur nous quelques choses qui ne nous plairait pas. Miroir, peut être, de ce qu’on l’on penserait nous-même sur ceux-là si les faits étaient inversés… Plein de rencontres, plein de voyages à faire. Beaucoup de bonheur en fait.

Je rajouterai un peu du plaisir de découvrir un peu de ce que les autres découvrent eux-même en prenant un peu de temps à observer. Et voir tous ces jeunes 18/25 ans qui cheminent est une espérance en l’avenir. Si je devais résumer mes cinq années de morceaux de Camino, je dirai que l’expérience globale que je tire du Camino, et sans conteste, que chaque rencontre a une utilité. Que je crois que chaque rencontre est écrite dans le “grand livre” de la vie. Qu’il nous est nécessaire voire indispensable pour avancer d’oser les rencontres proposées, parce que l’on a toujours quelque chose à donner et/ou à recevoir. Qu’ils nous faut faire l’effort de se garder de l’apriori sur ce que tel événement peut apporter ou non (cf : l’Aubergue San Bol). Et aller en avant en se frayant un chemin au feeling.

Élodie, j’espère ne pas avoir été trop bavard, et que ces quelques réflexions
toutes personnelles pourront t’être de quelque utilité.

Amical souvenir du Camino.
Gilles

jeudi 13 avril 2006

Pampelune-Leoñ

Chemin vers Saint Jacques de Compostelle
Du Puy en Velay à Santiago de Compostela – 1600Kms

Mon Chemin… Suite…

Et voilà… C’est bientôt le jour et l’heure du départ…420 Kms entre Pampelune et Leon… Un petit pincement au coeur… Abandonner quelques temps la maison, la famille, les amis… Partir avec pour seuls compagnons, un sac à dos et ses pieds… Se retrouver, seul avec soi… Face à son courage, sa lâcheté, sa force, sa faiblesse… Seul mirroir de soi-même… Pas de mensonge possible… Tout devient vrai et d’une réalité qui dépasse, oh! combien, toutes ces petites choses de la vie, qui nous encombrent tant…

Dans un mois, jour pour jour, ce sera l’arrivée à Leon… Un mois durant lequel le temps se sera arrêté et où il se prêtera tout à coup à l’accélération fulgurante des trains modernes. Celle-là même qui me fera arriver bien avant que mes pensées n’aient quittés l’Espagne… Retrouvant là une masse de travail en retard, que cet oubli du temps aura tôt fait de me rappeler…
Gilles
A suivre… (fin Mai)

samedi 7 janvier 2006

Rencontres

Chemin vers Saint Jacques de Compostelle
Du Puy en Velay à Santiago de Compostela – 1600Kms


Je ne pouvais continuer à exprimer mes réflexions sur le chemin parcouru, sans évoquer l’essentiel de ce qui va construire mes projets pour les 15 à 20 ans à venir… Ce post-périple de 2004 (dont ceci n’est qu’un succint résumé…)

Partis de Cahors, où je retrouvais des amis de notre région, point d’arrivée de l’année précédente, nous arrivions le 1er septembre, jour de la St Gilles, au Carmel de Moissac (gîte pour pélerins de Compostelle entre autre), le chemin était épuisant et je terminais la côte menant au Carmel avec des pas de 20cm, qui en disait long sur la fatigue qui semblait à ce moment insurmontable. Arrivé là un accueil personnalisé, plein de sourires et qui sentait bon la paix… Un verre d’eau tendu semblait déjà une félicité… Là un homme y pratique la réflexologie (sorte de massage des pieds qui par action réflexe détend tout le corps) et détend les pèlerins les plus exténués qui le souhaitent. Ma fille qui m’accompagne me propose cette remise en forme”. Il est déjà tard, mais à notre surprise, l’homme en question pratiquait cela jusqu’à 22 passé du soir. Et au moment de sortir, je lui demande bien évidemment si je lui dois quelque chose, “Mais rien” me dit-il… Je demeurais évidemment interloqué, et plein de sympathie pour de don dont il était là fait don et non vente. Je laissais dans une petite tirelire près de la porte, une aubole en correspondance avec le bien être reçu et permettant de couvrir l’achat des huiles essentielles utilisées pour ce type de massage. Bien sûr, je ressortais extraordinairement détendu et serein. Prêt pour une nouvelle étape du lendemain… Et bien plus

Depuis ce moment, il me parcourra en tête comme un désir de savoir pratiquer la même chose.
En quittant le carmel le 2 septembre nous cheminons en compagnie d’Albertine, une jeune allemande rencontré en sortant du carmel, et avec laquelle nous sympathisons rapidement. Nous marcherons 10 jours ensemble, partageant le pain, la fatigue, les pauses, mais aussi les ampoules et les moustiques.
Nous rejoignons Aire sur l’Adour le 10 septembre 2004, là où justement l’ancien prêtre de notre secteur venait d’être nouvellement nommé. ce qui nous permet un petit souper en commun et l’échange de nouvelles. C’est bien difficile de devoir arrêter après 12 jours de marche, et faire demi-tour… Le corps s’est habitué et de plus c’est une démarche incomplète. En même temps que nous quittions Aire sur l’Adour, ma fille et moi-même, quittions à regrets, notre petite compagne devenue depuis une grande amie. Comme elle continuait seule sur la route, je pensais à ma plus jeune fille, à laquelle je la comparais (elle avait tout juste 18 ans), et j’avais bien du mal à l’imaginer seule sur cette route sans que je m’inquiète un peu (paternalisme primaire)… Aussi nous lui laissions un téléphone mobile. Un petit message de temps en temps la soutenait, elle nous l’a dit plus tard.

Quelques jours après être rentrés, une réclame arrive par hasard sur mon Email, et par là une occasion unique de découvrir au moindre frais, Saint Jean Pied de Port, porte de l’Espagne, que nous allons franchir en 2005, toujours avec ma fille m’accompagnant, car nous avions tant apprécié cette année à deux puis à trois, que nous n’envisagions que difficilement de marcher de nouveau à 15 ou 18.
Donc, les 25/26 septembre, encore sous l’émotion de notre chemin du début du mois, nous rejoignons Saint Jean Pied de Port où nous allons croiser une nouvelle fois notre petite protégée alors qu’elle attendait une amie allemande qui la rejoignait pour la partie du chemin en espagne.
Notre jeune allemande poursuivit ensuite sa route vers Compostelle et nous transmit de temps à autre ses joies et ses peines, ses rencontres de la route… Son amie qui avec des problèmes de pieds doit renoncer et rentrer en Allemagne dès Burgos… Le grand chemin droit de la Meseta...
Fin octobre nous apprenons que notre jeune amie est arrivée à Santiago de Compostela, puis un peu plus loin au Cap Fistera où bon nombre de personnes se rendent, et qu’elle compte passer nous rendre visite avant de rentrer chez elle. En fait elle souhaite rentrer juste pour le jour de l’anniversaire de sa maman le 26 novembre, mais elle ne sait pas le temps que le voyage lui prendra. Je l’accueille donc quelques jours dans ma maison du nord de l’oise, le jour de sa fête (Sainte Albertine) accompagnée d’un jeune Tchèque, Vojta, qui rentre à Liberec au nord de Prague en même temps qu’elle. Ils habitent à 100km de part et d’autre de la frontière et se sont croisés à près de 3000km de chez eux au bout de l’espagne.
Comme ils font attention à leurs économies, ils cherchent un train bon marché pour rentrer vers Leipzig, et en trouvent un à 3h du matin départ de Aachen (Aix la Chapelle). Je conduits donc nos deux pèlerins de retour pour le train de nuit à Aachen. Le retour sera difficile à cause du sommeil qui me gagne (900km dans la nuit par Bruxelles, Liège… C’est vrai que je n’ai plus 20 ans).

Et puis entre Noël et l’An j’ai été invité à passer deux jours dans la famille de la petite Albertine. Ils sont protestants et fêtent avec beaucoup de sérieux ce moment de Noël. Leurs cadeaux sonnent justes, des petites choses simples mais pleines d’attentions… C’est très agréable.

Petit à petit… La force de cette amitié sur la route, ce chemin plein de rencontres, tous ces accueils, tous ces partages… Je sentais comme un appel, mais je ne sais pas bien quoi… Puis petit à petit les choses deviennent transparentes, comme évidentes… Je ressens cette envie, ce besoin, de faire pareil, de m’installer là-bas, sans doute entre Moissac et Aire sur l’Adour (ou un peu plus bas mais avant le pays basque), ou tout du moins de m’y rendre 1, 2 ou 3 mois l’année ; pour accueillir, à mon tour, les pèlerins de passage… Chaque jour différents… Quand j’en parle avec mes collègues de travail, ils me prennent très au sérieux et ça m’encourage pour avancer…
En 2005, je suis retourné marcher avec ma fille entre Aire sur l’Adour et Pampelune, pour mesurer si cet étrange désir de 2004 est bien encore là…

La marche de 2005, confirme le plaisir d’être sur le chemin et de rencontrer chaque jour des gens différents et riches eux aussi de tout leur vécu… De nouvelles rencontres m’ont conduit cette année à Stuttgart, l’année prochaine dans les Vosges… Plein de rencontres qui construisent, outre l’amitié des gens rencontrés, les chemins des uns et des autres… Echanges des vécus, des projets, des changements…
Gilles
à suivre…

vendredi 6 janvier 2006

Reflexions

Chemin vers Saint Jacques de Compostelle

Du Puy en Velay à Santiago de Compostela – 1600Kms
Mon Chemin
Je vous livre ici… En vrac… Quelques éléments de réflexions que j’ai pu tirer de l’expérience du chemin réalisé jusqu’ici (900Kms de Puy en Velay à Pampelune)… Même s’il me reste encore 700Kms à parcourir (Pampelune – Santiago), que je pense couvrir dans les deux ans (mais peut être trois selon les possibilités du travail et des autres activités).
Quelques éléments de réflexions toutes personnelles, mais qui peuvent à l’occasion, éclairer certain autres désireux d’entreprendre ce long périple utile à toute la Vie…
Comment exprimer pour les autres ce que ressent le marcheur… C’est une recherche de son propre chemin intérieur… Chaque pèlerin étant unique… Il n’y a pas de recette de ce que l’on va trouver… Encore moins de recette à donner… Mais se lancer sur ce chemin à la quête de Soi est une expérience que rien n’égale, et qu’il est bien sûr préférable de faire quand les jambes le permettent encore.
Beaucoup de gens partent faire ce chemin une fois à la retraite, car les enfants sont “casés”, les activités professionnelles derrière soi… C’est une heureuse solution pour préparer à une période de la vie propice à la réflexion.
Certains profitent d’une période difficile (chômage) ou prennent un congé sans solde « une année sabbatique »(il faut évidemment prévoir la dépense longtemps d’avance).
D’autres effectuent le parcours en plusieurs années pour ainsi allier travail et chemin. C’est ce que nous faisons nous-même.
Mais également aujourd’hui, beaucoup de jeunes profitent d’une année après la “BAC” pour entreprendre cette quête personnelle avant d’entreprendre les études supérieures puis la vie active… Nous avons eu la chance d’en rencontrer beaucoup et c’est un germe d’espoir exceptionnel que de voir tous ces jeunes s’y prendre si tôt pour chercher, trouver l’essentiel de leur Vie. Nous y avons rencontrer des pélerins de tous pays… Allemagne, Canada, Etats Unis, Pays Bas, République Tchèque, Belgique… Et bien d’autres…
Bien malin est celui qui pourrait dire que telle façon de faire le chemin est meilleure qu’une autre et de croire savoir ce que vit l’autre dans son fort intérieur parce qu’il ne fait pas comme “les autres”… C’est un engagement, une démarche, une aventure personnelle… Que chacun vit à son ryhtme…
J’ai eu la chance de pouvoir éprouver les deux façons de pratiquer le chemin. Notre groupe comptant des éléments à la retraite, d’autres en activité nous avions choisi d’effectuer le parcours en plusieurs années. Parti en 2002 puis 2003 avec une équipe de l’Oise, regroupée en association à l’initiative de membres originaires de Lozère, nous faisons chaque mois de l’année une marche, disons d’entraînement ; ce qui permet de garder le contact et renforcer des relations d’amitié ainsi qu’un échange d’expériences non négligeable.
Un léger ennui de santé, m’ayant obligé en 2004 de différer mon départ de quelques mois… Je partais en compagnie de ma fille cadette, équipés d’un sac à dos, d’un solide bâton d’appui, de chaussures et vêtements à peu près adéquate… Nous voilà partis à deux cette fois… Puis à trois par une rencontre assez exceptionnelle entre Moissac et Aire sur l’Adour, dont l’amitié née de cette rencontre et les échanges d ‘expériences encore deux ans après (entre personnes, puis entre familles car l’importance de ce chemin met toute la famille en émoi) permet de mesurer l’importance cachée qu’une simple rencontre peut susciter chez l’une comme chez l’autre des personnes qui se croisent là où rien ne pouvait le présager, mais où tout semble pourtant écrit.

Le parcours tout seul demande plus d’attention, car il y a tout de même quelques pièges à éviter… Erreur de chemin qui rallonge et risque de voir le soir tomber sans abris… Certains endroits sur le chemin sont un peu périlleux. Une simple cheville tordue peut prendre des proportions importantes si vous êtes isolé au milieu de l’Aubrac ou sur la Meseta.
Le parcours à deux, voire trois, semble un bon compromis bien parce qu’il mélange l’échange possible pour confronter les expériences, le silence et la disponibilité à la rencontre des autres… Ce que permet peu la marche en groupe s’il est un peu important (Ne pas devancer le groupe, ne pas faire attendre les autres…)
Partir avec le coeur ouvert comme un enfant qui découvre le monde, et chaque jour un peu plus, laisser de coté ses préoccupations, laisser tomber ses à priori, ses certitudes, ses peurs du lendemain, de l’inconnu…
Ne pas oublier de noter ses réflexions chaque jour… Des années après on est heureux de les retrouver et les sentiments liés aux situations qui les ont suscités vous reviendont en même temps que le souvenir de ces moments importants.
A suivre…

…”Ils sont des milliers, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, riches et pauvres, croyants et même athées, à partir chaque année, sur les routes qui mènent à la cité de l’apôtre. “http://perso.wanadoo.fr/nvf/accueil.htm


…” Les nouveaux pèlerins de Compostelle sont des quêteurs d’absolu, à l’affût de trouver du sens à des vies encombrées .”
…” Plus encore que le lieu saint vers lequel ils dirigent leurs pas, leur importe la route sur laquelle ils éprouvent leur corps et leur solitude. Ils présentent que le marcheur y est face à lui même et parfois face à l’Autre.”
…”Ils savent que la marche est un moyen sûr quand il s’agit de parvenir
au dévoilement de l’essentiel.”

Jean-Claude Petit / La vie – hors série N°6



Pour moi le parcours en groupe est rassurant quant à l’organisation du chemin, la sécurité du groupe, le coté agréable de la compagnie d’amis connus… Mais au risque de marcher pour marcher si l’on n’y prend garde… Attention je ne porte aucun jugement de valeur et la découverte des mêmes choses en groupe permet aussi l’échange immédiat avec l’un puis avec l’autre…
Gilles

mercredi 4 janvier 2006

Petites étoiles

Pour Soso et Chacha

Il y a peu de temps, il y a quelque année,
Eclairant tout à coup notre ciel étoilé,
Deux étoiles jolies nous étaient arrivées,
Lumineuses en dessous de notre voie lactée.

L’une était comme un “S”, et l’autre comme un “C”,
Deux étoiles étranges, qui se sont rencontrés,
Au hasard de leur vie, de pays étrangers,
On peut les regarder, sans jamais se lasser…

Et puis de jour en jour, elles vont encore briller,
Seront toujours plus belles au fil des années,
Et l’on peut même croire, dire sans se tromper,
Qu’elle dureront l’éternité…
Gilou