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vendredi 21 juillet 2006

Avant: Des idées vous traversent l’esprit…

Avant de partir… Bien se préparer…

C’est plus dans la tête…Q : Et les chaussures… Et les vêtements… et pour la pluie… Et le soleil… Ah ! Oui. et les ampoules… Et les insectes, les moustiques…
R : Et bien regardez les liens du site il y a des centaines de sites qui en parlent bien mieux que je ne le ferais (faites une recherche sur google ou autre). Mais le matériel a son importance : En 1er vos chaussures, choissisez les avec soin et entraînez-vous avec. Ensuite votre sac à dos (le compagnon le plus intime pour 1600kms), vêtements faciles à sécher (le coton n’est pas forcément l’idéal), le bâton (un vrai bourdon de 2 mètres si vous avez des bras comme popey, sinon un ou deux bâtons de randonnée en aluminium), appareil photo (ou carnet pour croquis, si vous en avez le don). un mobile (pas indispensable, surtout si l’on est parti pour se couper du monde).

Vos meilleurs amis pour ce chemin : Vos pieds… Prenez-en grand soin… (Lisez les conseils prodigués sur beaucoup de sites)
Votre pire ennemi : Vous même et votre peur de manquer, qui vous fera charger votre sac à dos de multiples inutilités, mais qu’il faudra porter tout le long du chemin… (En 2005, je suis parti avec 16kgs, j’en ai renvoyé 4 par la poste au bout de trois jours… Cette année 2006, malgré l’expérience, j’avais au moins 3kgs de vêtements ou matériel superflus… Pour la prochaine fois c’est juré je limite à 10kgs eau et nourriture comprise…)

Partez avec le coeur ouvert comme un enfant qui découvre le monde, et chaque jour un peu plus, laissez de coté vos préoccupations, laissez tomber vos à priori, vos certitudes, vos peurs du lendemain, de l’inconnu…

N’oubliez pas de noter vos réflexions chaque jour… Plus tard vous serez heureux de retrouver ces notes et les sentiments liés aux situations qui les ont suscités vous reviendont en même temps que le souvenir de ces moments importants.

Des “idées reçues”, des “on dit”, des “on m’a dit que…” des “il paraîtrait que, mais je suis pas vraiment sûr”…

un peu d’humour…

Q : Il y a des serpents sur le chemin ?
R : Comme ailleurs, je n’ai sans doute pas eu de chance, je n’en ai jamais aperçu (et je le regrette), juste une malheureuse couleuvre apeurée par notre passage…

Q : il y a encore des loups sur le chemin !!!
R : no comment.

Q : Et des ours !!!
R : Sans doute… Et des baleines ? Et des crocodiles…

Gilles
A suivre…

Lettre à Elodie

Lettre à Elodie, jeune maman sur le Camino, qui souhaitait connaître l’expérience d’autres pèlerins rencontrés.

L’idée du Camino n’était pas mienne, mais quand ma fille (sage-femme comme toi) me le proposa, je sentis comme bien trop ‘gigantesque’ cette entreprise, mais en même temps je la ressentais comme une épreuve nécessaire pour avancer. (mon épouse décédée en 1995, j’avais toutes les peines du monde à entrevoir un avenir serein. Un peu comme si les autres continuaient leur vie et que j’étais sur le bord de la route en sursis). Je n’avais pas d’attente particulière en entreprenant le Camino, et pourtant j’allais en tirer année après année, une joie de vivre et de poursuivre la route le plus loin possible. Aujourd’hui, j’ai 20 ans de projet devant moi et beaucoup de projets que j’avais rangés dans l’oubli et qui sont également prêts à resurgir si le temps me le permet…

De la marche en groupe à 16 en 2002, puis à 10 en 2003, j’avais appris, ou réappris, le partage en groupe bien sûr, tantôt porté, tantôt se laisser porter, mais aussi à rester un peu en retrait des autres membres, essayant de ne pas obligatoirement me sentir concerné ou impliqué dans chaque action ou discution. J’imaginais aussi ce que chacun dans ce groupe pouvait tirer de cette expérience ce que ces relations croisées pouvaient leur apporter. Sans doute différent pour chacun, suivant son expérience et ses attentes.

De la marche avec ma fille Stéphanie en 2004, et la rencontre avec une jeune allemande, un peu égarée loin de son pays, et cherchant peut être à se raccrocher, j’en ai tiré l’expérience d’une amitié tellement forte, qui allait devenir une véritable Love story entre un ‘père’ et sa ‘fille’ (adoptive évidemment). Si forte, d’ailleurs, qu’elle et son petit-ami sont en route en ce moment même où je t’écris, à vélo depuis l’extrémité de l’Allemagne pour le seul plaisir de venir me voir ! J’ai eu l’occasion de rencontrer sa maman à Chemnitz alors que j’étais invité là-bas autour de Noël 2004, et elle me fit part de ce que sa fille avait apprit du chemin, mais plus particulièrement de ce que notre rencontre l’avait murie. Pas tellement de ce que j’avais pu lui dire, car à l’époque ce qui me restait de l’anglais scolaire était bien loin, mais plutôt de son sentiment global de cette rencontre (nous avions cheminé 8 jours tous les trois). Et là d’un seul coup l’on se sent utile aux autres, et la vie reprend du sens. Et l’amour que l’on donne et que l’on reçoit dans le même temps, bien que l’on en comprenne pas toujours tout le sens, ne reste jamais sans effet. Une bien belle expérience et une belle caresse dans ma vie : Imaginer qu’elle et son petit-ami veuillent faire tout ce chemin pour le seul plaisir de se promener, soit. Mais accepter avec humilité que c’est pour moi qu’il le font, c’est une expérience bien plus difficile a accepter. Il est plus facile de donner que d’accepter avec humilité. Comme quoi les choses évoluent toujours et ne sont jamais fixées. Et aussi le fait de dire les choses et d’échanger avec d’autres, fait avancer bien plus que d’y réfléchir seul.

Puis en 2005, marchant de nouveau avec Stéphanie, d’autres rencontres plus nombreuses ont réitéré à des niveaux différents ces nécessités d’aller vers les autres avec le coeur ouvert afin de les rencontrer réellement (et là je pense à l’haptonomie que l’on exprimait ensemble sur le chemin). Et pour moi, nouveaux amis, nouveaux voyages. J’ai revu des pèlerins 2005 cet automne et ils viennent me voir en 2007.

Cette année 2006, partant seul, j’ai découvert, après le stress du départ isolé, et par obligation, le désir, mais aussi la nécessité ‘d’oser’ faire le premier pas. Pour aborder un autre pèlerin, ou un habitant. Ce n’était pas extraordinaire en soi, mais mon expérience de vie avait toujours souffert de cette timidité naturelle ou de cette peur du ‘je ne sais quoi’ : Cette espèce de peur que ‘l’autre’ puisse bien penser sur nous quelques choses qui ne nous plairait pas. Miroir, peut être, de ce qu’on l’on penserait nous-même sur ceux-là si les faits étaient inversés… Plein de rencontres, plein de voyages à faire. Beaucoup de bonheur en fait.

Je rajouterai un peu du plaisir de découvrir un peu de ce que les autres découvrent eux-même en prenant un peu de temps à observer. Et voir tous ces jeunes 18/25 ans qui cheminent est une espérance en l’avenir. Si je devais résumer mes cinq années de morceaux de Camino, je dirai que l’expérience globale que je tire du Camino, et sans conteste, que chaque rencontre a une utilité. Que je crois que chaque rencontre est écrite dans le “grand livre” de la vie. Qu’il nous est nécessaire voire indispensable pour avancer d’oser les rencontres proposées, parce que l’on a toujours quelque chose à donner et/ou à recevoir. Qu’ils nous faut faire l’effort de se garder de l’apriori sur ce que tel événement peut apporter ou non (cf : l’Aubergue San Bol). Et aller en avant en se frayant un chemin au feeling.

Élodie, j’espère ne pas avoir été trop bavard, et que ces quelques réflexions
toutes personnelles pourront t’être de quelque utilité.

Amical souvenir du Camino.
Gilles