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samedi 7 janvier 2006

Rencontres

Chemin vers Saint Jacques de Compostelle
Du Puy en Velay à Santiago de Compostela – 1600Kms


Je ne pouvais continuer à exprimer mes réflexions sur le chemin parcouru, sans évoquer l’essentiel de ce qui va construire mes projets pour les 15 à 20 ans à venir… Ce post-périple de 2004 (dont ceci n’est qu’un succint résumé…)

Partis de Cahors, où je retrouvais des amis de notre région, point d’arrivée de l’année précédente, nous arrivions le 1er septembre, jour de la St Gilles, au Carmel de Moissac (gîte pour pélerins de Compostelle entre autre), le chemin était épuisant et je terminais la côte menant au Carmel avec des pas de 20cm, qui en disait long sur la fatigue qui semblait à ce moment insurmontable. Arrivé là un accueil personnalisé, plein de sourires et qui sentait bon la paix… Un verre d’eau tendu semblait déjà une félicité… Là un homme y pratique la réflexologie (sorte de massage des pieds qui par action réflexe détend tout le corps) et détend les pèlerins les plus exténués qui le souhaitent. Ma fille qui m’accompagne me propose cette remise en forme”. Il est déjà tard, mais à notre surprise, l’homme en question pratiquait cela jusqu’à 22 passé du soir. Et au moment de sortir, je lui demande bien évidemment si je lui dois quelque chose, “Mais rien” me dit-il… Je demeurais évidemment interloqué, et plein de sympathie pour de don dont il était là fait don et non vente. Je laissais dans une petite tirelire près de la porte, une aubole en correspondance avec le bien être reçu et permettant de couvrir l’achat des huiles essentielles utilisées pour ce type de massage. Bien sûr, je ressortais extraordinairement détendu et serein. Prêt pour une nouvelle étape du lendemain… Et bien plus

Depuis ce moment, il me parcourra en tête comme un désir de savoir pratiquer la même chose.
En quittant le carmel le 2 septembre nous cheminons en compagnie d’Albertine, une jeune allemande rencontré en sortant du carmel, et avec laquelle nous sympathisons rapidement. Nous marcherons 10 jours ensemble, partageant le pain, la fatigue, les pauses, mais aussi les ampoules et les moustiques.
Nous rejoignons Aire sur l’Adour le 10 septembre 2004, là où justement l’ancien prêtre de notre secteur venait d’être nouvellement nommé. ce qui nous permet un petit souper en commun et l’échange de nouvelles. C’est bien difficile de devoir arrêter après 12 jours de marche, et faire demi-tour… Le corps s’est habitué et de plus c’est une démarche incomplète. En même temps que nous quittions Aire sur l’Adour, ma fille et moi-même, quittions à regrets, notre petite compagne devenue depuis une grande amie. Comme elle continuait seule sur la route, je pensais à ma plus jeune fille, à laquelle je la comparais (elle avait tout juste 18 ans), et j’avais bien du mal à l’imaginer seule sur cette route sans que je m’inquiète un peu (paternalisme primaire)… Aussi nous lui laissions un téléphone mobile. Un petit message de temps en temps la soutenait, elle nous l’a dit plus tard.

Quelques jours après être rentrés, une réclame arrive par hasard sur mon Email, et par là une occasion unique de découvrir au moindre frais, Saint Jean Pied de Port, porte de l’Espagne, que nous allons franchir en 2005, toujours avec ma fille m’accompagnant, car nous avions tant apprécié cette année à deux puis à trois, que nous n’envisagions que difficilement de marcher de nouveau à 15 ou 18.
Donc, les 25/26 septembre, encore sous l’émotion de notre chemin du début du mois, nous rejoignons Saint Jean Pied de Port où nous allons croiser une nouvelle fois notre petite protégée alors qu’elle attendait une amie allemande qui la rejoignait pour la partie du chemin en espagne.
Notre jeune allemande poursuivit ensuite sa route vers Compostelle et nous transmit de temps à autre ses joies et ses peines, ses rencontres de la route… Son amie qui avec des problèmes de pieds doit renoncer et rentrer en Allemagne dès Burgos… Le grand chemin droit de la Meseta...
Fin octobre nous apprenons que notre jeune amie est arrivée à Santiago de Compostela, puis un peu plus loin au Cap Fistera où bon nombre de personnes se rendent, et qu’elle compte passer nous rendre visite avant de rentrer chez elle. En fait elle souhaite rentrer juste pour le jour de l’anniversaire de sa maman le 26 novembre, mais elle ne sait pas le temps que le voyage lui prendra. Je l’accueille donc quelques jours dans ma maison du nord de l’oise, le jour de sa fête (Sainte Albertine) accompagnée d’un jeune Tchèque, Vojta, qui rentre à Liberec au nord de Prague en même temps qu’elle. Ils habitent à 100km de part et d’autre de la frontière et se sont croisés à près de 3000km de chez eux au bout de l’espagne.
Comme ils font attention à leurs économies, ils cherchent un train bon marché pour rentrer vers Leipzig, et en trouvent un à 3h du matin départ de Aachen (Aix la Chapelle). Je conduits donc nos deux pèlerins de retour pour le train de nuit à Aachen. Le retour sera difficile à cause du sommeil qui me gagne (900km dans la nuit par Bruxelles, Liège… C’est vrai que je n’ai plus 20 ans).

Et puis entre Noël et l’An j’ai été invité à passer deux jours dans la famille de la petite Albertine. Ils sont protestants et fêtent avec beaucoup de sérieux ce moment de Noël. Leurs cadeaux sonnent justes, des petites choses simples mais pleines d’attentions… C’est très agréable.

Petit à petit… La force de cette amitié sur la route, ce chemin plein de rencontres, tous ces accueils, tous ces partages… Je sentais comme un appel, mais je ne sais pas bien quoi… Puis petit à petit les choses deviennent transparentes, comme évidentes… Je ressens cette envie, ce besoin, de faire pareil, de m’installer là-bas, sans doute entre Moissac et Aire sur l’Adour (ou un peu plus bas mais avant le pays basque), ou tout du moins de m’y rendre 1, 2 ou 3 mois l’année ; pour accueillir, à mon tour, les pèlerins de passage… Chaque jour différents… Quand j’en parle avec mes collègues de travail, ils me prennent très au sérieux et ça m’encourage pour avancer…
En 2005, je suis retourné marcher avec ma fille entre Aire sur l’Adour et Pampelune, pour mesurer si cet étrange désir de 2004 est bien encore là…

La marche de 2005, confirme le plaisir d’être sur le chemin et de rencontrer chaque jour des gens différents et riches eux aussi de tout leur vécu… De nouvelles rencontres m’ont conduit cette année à Stuttgart, l’année prochaine dans les Vosges… Plein de rencontres qui construisent, outre l’amitié des gens rencontrés, les chemins des uns et des autres… Echanges des vécus, des projets, des changements…
Gilles
à suivre…

vendredi 6 janvier 2006

Reflexions

Chemin vers Saint Jacques de Compostelle

Du Puy en Velay à Santiago de Compostela – 1600Kms
Mon Chemin
Je vous livre ici… En vrac… Quelques éléments de réflexions que j’ai pu tirer de l’expérience du chemin réalisé jusqu’ici (900Kms de Puy en Velay à Pampelune)… Même s’il me reste encore 700Kms à parcourir (Pampelune – Santiago), que je pense couvrir dans les deux ans (mais peut être trois selon les possibilités du travail et des autres activités).
Quelques éléments de réflexions toutes personnelles, mais qui peuvent à l’occasion, éclairer certain autres désireux d’entreprendre ce long périple utile à toute la Vie…
Comment exprimer pour les autres ce que ressent le marcheur… C’est une recherche de son propre chemin intérieur… Chaque pèlerin étant unique… Il n’y a pas de recette de ce que l’on va trouver… Encore moins de recette à donner… Mais se lancer sur ce chemin à la quête de Soi est une expérience que rien n’égale, et qu’il est bien sûr préférable de faire quand les jambes le permettent encore.
Beaucoup de gens partent faire ce chemin une fois à la retraite, car les enfants sont “casés”, les activités professionnelles derrière soi… C’est une heureuse solution pour préparer à une période de la vie propice à la réflexion.
Certains profitent d’une période difficile (chômage) ou prennent un congé sans solde « une année sabbatique »(il faut évidemment prévoir la dépense longtemps d’avance).
D’autres effectuent le parcours en plusieurs années pour ainsi allier travail et chemin. C’est ce que nous faisons nous-même.
Mais également aujourd’hui, beaucoup de jeunes profitent d’une année après la “BAC” pour entreprendre cette quête personnelle avant d’entreprendre les études supérieures puis la vie active… Nous avons eu la chance d’en rencontrer beaucoup et c’est un germe d’espoir exceptionnel que de voir tous ces jeunes s’y prendre si tôt pour chercher, trouver l’essentiel de leur Vie. Nous y avons rencontrer des pélerins de tous pays… Allemagne, Canada, Etats Unis, Pays Bas, République Tchèque, Belgique… Et bien d’autres…
Bien malin est celui qui pourrait dire que telle façon de faire le chemin est meilleure qu’une autre et de croire savoir ce que vit l’autre dans son fort intérieur parce qu’il ne fait pas comme “les autres”… C’est un engagement, une démarche, une aventure personnelle… Que chacun vit à son ryhtme…
J’ai eu la chance de pouvoir éprouver les deux façons de pratiquer le chemin. Notre groupe comptant des éléments à la retraite, d’autres en activité nous avions choisi d’effectuer le parcours en plusieurs années. Parti en 2002 puis 2003 avec une équipe de l’Oise, regroupée en association à l’initiative de membres originaires de Lozère, nous faisons chaque mois de l’année une marche, disons d’entraînement ; ce qui permet de garder le contact et renforcer des relations d’amitié ainsi qu’un échange d’expériences non négligeable.
Un léger ennui de santé, m’ayant obligé en 2004 de différer mon départ de quelques mois… Je partais en compagnie de ma fille cadette, équipés d’un sac à dos, d’un solide bâton d’appui, de chaussures et vêtements à peu près adéquate… Nous voilà partis à deux cette fois… Puis à trois par une rencontre assez exceptionnelle entre Moissac et Aire sur l’Adour, dont l’amitié née de cette rencontre et les échanges d ‘expériences encore deux ans après (entre personnes, puis entre familles car l’importance de ce chemin met toute la famille en émoi) permet de mesurer l’importance cachée qu’une simple rencontre peut susciter chez l’une comme chez l’autre des personnes qui se croisent là où rien ne pouvait le présager, mais où tout semble pourtant écrit.

Le parcours tout seul demande plus d’attention, car il y a tout de même quelques pièges à éviter… Erreur de chemin qui rallonge et risque de voir le soir tomber sans abris… Certains endroits sur le chemin sont un peu périlleux. Une simple cheville tordue peut prendre des proportions importantes si vous êtes isolé au milieu de l’Aubrac ou sur la Meseta.
Le parcours à deux, voire trois, semble un bon compromis bien parce qu’il mélange l’échange possible pour confronter les expériences, le silence et la disponibilité à la rencontre des autres… Ce que permet peu la marche en groupe s’il est un peu important (Ne pas devancer le groupe, ne pas faire attendre les autres…)
Partir avec le coeur ouvert comme un enfant qui découvre le monde, et chaque jour un peu plus, laisser de coté ses préoccupations, laisser tomber ses à priori, ses certitudes, ses peurs du lendemain, de l’inconnu…
Ne pas oublier de noter ses réflexions chaque jour… Des années après on est heureux de les retrouver et les sentiments liés aux situations qui les ont suscités vous reviendont en même temps que le souvenir de ces moments importants.
A suivre…

…”Ils sont des milliers, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, riches et pauvres, croyants et même athées, à partir chaque année, sur les routes qui mènent à la cité de l’apôtre. “http://perso.wanadoo.fr/nvf/accueil.htm


…” Les nouveaux pèlerins de Compostelle sont des quêteurs d’absolu, à l’affût de trouver du sens à des vies encombrées .”
…” Plus encore que le lieu saint vers lequel ils dirigent leurs pas, leur importe la route sur laquelle ils éprouvent leur corps et leur solitude. Ils présentent que le marcheur y est face à lui même et parfois face à l’Autre.”
…”Ils savent que la marche est un moyen sûr quand il s’agit de parvenir
au dévoilement de l’essentiel.”

Jean-Claude Petit / La vie – hors série N°6



Pour moi le parcours en groupe est rassurant quant à l’organisation du chemin, la sécurité du groupe, le coté agréable de la compagnie d’amis connus… Mais au risque de marcher pour marcher si l’on n’y prend garde… Attention je ne porte aucun jugement de valeur et la découverte des mêmes choses en groupe permet aussi l’échange immédiat avec l’un puis avec l’autre…
Gilles

mercredi 4 janvier 2006

Petites étoiles

Pour Soso et Chacha

Il y a peu de temps, il y a quelque année,
Eclairant tout à coup notre ciel étoilé,
Deux étoiles jolies nous étaient arrivées,
Lumineuses en dessous de notre voie lactée.

L’une était comme un “S”, et l’autre comme un “C”,
Deux étoiles étranges, qui se sont rencontrés,
Au hasard de leur vie, de pays étrangers,
On peut les regarder, sans jamais se lasser…

Et puis de jour en jour, elles vont encore briller,
Seront toujours plus belles au fil des années,
Et l’on peut même croire, dire sans se tromper,
Qu’elle dureront l’éternité…
Gilou