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jeudi 30 juin 2011

Une petite histoire de chaussures...

J'avais acquis une belle paire de chaussures de marche étanche et tout... que j'avais testé lors de quelques marches avec notre groupe de Beauvais.
J'avais donc décidé de prendre ce que je pensais être de nouvelles amies pour les 1200km à venir, en lieu et place de mes bonnes vieilles chaussures, habituées aux kilomètres, à la chaleur et à la pluie, qui avaient déjà parcouru maints chemins et que j'avais fait miennes, tant elles étaient agréables à chausser ; mais elles montraient quelques signes de fatigue, me faisant penser que cette longue route était bien trop risqué pour elles. Qu'elles ne tiendraient pas la longueur. Qu'elles risquaient la tendinite ou l'infarctus. Enfin qu'elles allaient rendre l'âme en route...
Dans le même temps je testais une méthode québécoise que j'avais aperçu trois ans auparavant : Une paire de chaussettes fine d'une autre plus épaisse par-dessus. Mais dès le 2è jours un échauffement au petit doigt de pied m'alerta : Qu'était-ce ? J'observais, je retournais la question dans ma tête... Non, ça n'est pas... Mais oui ! Une ampoule ! Tout simplement une ampoule. Pas de celles qui éclairent, mais plutôt de celles qui gênent la marche, et même quelquefois fait souffrir ! 
Ces nouvelles chaussures étaient un peu trop étroites, et les 2 paires de chaussettes superposées avaient augmenté de quelques millimètres la place nécessaire dans les chaussures. Je n'avais pas même envisagé cette éventualité, n'ayant eu aucun désagrément de ce genre les années auparavant dans mes bonnes vieilles chaussures bien larges.
Arrivé un soir dans un accueil à la ferme, l'hospitalier des lieux me proposait gentiment de me déposé au village voisin (un peu à l'écart de mon parcours) puisqu'il s'y rendait. Là je fis l'acquisition de la seule paire de chaussures exposée et disponible, et qui de plus était juste à ma taille, assez large pour ne plus en être blessé, et qui m'attendait là sagement. Ces chaussures à la semelle un peu trop fine n'était pas l'idéal sur les 300km suivant, poinçonnant mes dessous de pieds lorsque le sol était dur. Et il était dur le sol, avec cette sécheresse qui se prolongeait. Elles avaient pourtant permis à mon doigt de pied de retrouver sa peau bien en place. Je me suis mis à regretter mes bonnes vielles chaussures laissées à la maison et qui n'attendaient que mes pieds pour retourner prendre l'air sur les chemins.
J'ai contacté mes filles, qui se sont organisés pour poster mes bonnes vielles chaussures au gîte du Mont St Michel, fin de la première phase de ce nouveau périple ou j'arriverais quelques jours plus tard. Et chaque jour je pensais à ces bonnes vielles chaussures qui allaient m'attendre encore un peu, le temps que j'y arrive enfin.
Arrivé au Mont St Michel le 13 mai, je goutais enfin le plaisir de chausser mes bonnes vieilles chaussures. Puis je renvoyais la belle paire neuve par la poste.
J'avais enfin retrouvé ce plaisir de glisser mes pieds le matin dans mes bonnes vieilles chaussures, douces comme le velours qui me disaient en douce : Alors tu es prêt ? On y va ? Oui mes bonnes vieilles chaussures ! On y va.
Elles ont usées leurs semelles totalement, "jusqu'à la corde", à vouloir me faire ce plaisir, que de m'emmener chaque jour un peu plus loin, couinant bien un peu quant le sac était trop lourd. 
J'aimerais bien qu'un cordonnier leur redonne des semelles neuves et pouvoir avoir encore cette douce complicité qui rassure et qui réchauffe...
Gilles

jeudi 16 juin 2011

Petite pose locale

L'arrivée au centre d'accueil de Moissac est l'occasion de rencontrer les amis connus d'ici, avant de remonter vers le grand nord, de participer à l'accueil de ceux qui passent et vont plus loin sur le chemin...

Ici les voix chantent bon le Sud-Ouest, les cygales aussi d'ailleurs ... inutile de porter pull ou veste polaire.

à très bientôt...

lundi 13 juin 2011

GR65 : Ce jour je rejoint l'autoroute des pèlerins

Lauzerte-Arcades de la place
Plus qu'une journée de marche sur cet autoroute des pèlerins de Compostelle.
Je viens en effet de rejoindre le GR 65, voie du Puy en Velay à Saint Jacques de Compostelle, pour atteindre demain le but de mon périple 2011 : Moissac, ce lieu d'où j'étais parti en 2009 pour Santiago de Compostela.
Déjà sollicité pour transformer ma condition de pèlerin en celle d'hospitalier dès le lendemain de mon arrivée. Je vais en effet rester quelques jours. Sans doute jusqu'à la fin de semaine, avant de remonter par des moyens ferroviares retrouver ma voiture et les habitudes de la société de consommation... Mais chaque périple change la façon de voir les choses et chaque périple apporte sa touche au point de vue que l'on a sur le tableau visible de cette société un peu folle (il faut bien le dire et je ne me prive pas de le dire, voire de le répéter)
Ici dans ce gîte, je veux dire "vrai gîte" de pèlerins, avec son flot de va et vient, des portes qui s'ouvrent et se ferment sur des visages tantôt fatigués, tantôt sérieux, tantôt à la mine réjouie.
Demain sera bouclée ma route Boutavent - Santiago, même si elle fut inversée. Le temps et l'espace, en effet, n'ont que peu d'emprise lorsque l'on pratique cet expérience qu'est le "Camino". Il s'adapte au parcours et à la chronologie que l'on souhaite lui donner. Je me souviens de 2008, ultime étape de mon premier Camino, entre Astorga et Santiago, où l'arrivée en train à la gare d'où j'étais reparti deux ans plus tôt se fit avec un glissement insensible de l'espace et du temps, ayant à ce moment la très forte impression d'avoir quitté la veille seulement cette ville quittée pourtant 2 ans auparavant.

Mon prochain projet sera donc maintenant de revenir de cet aller "au bout de soi". Effectuant cette fois en deux années ou trois, le chemin depuis Santiago et revenant vers le point de départ. L'expérience sera totalement différente. Chaque pèlerin rencontré alors ne sera vu qu'au gîte du soir ou croisé lors de la marche de la journée : moment privilégié pour échanger quelques impression ou quelque information utile à l'un ou à l'autre. Expérience ô combien salutaire au détachement, car dans ces Caminos successifs les pèlerins rencontrés deviennent vite des amis inséparables, tant le vécu des uns et des autres, fort semblable, entre ici en symbiose, facilitant ainsi l'attachement. A contrario le retour cède moins de place à cet attachement, mais plutôt au cumul des expériences échangées.

à suivre...