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samedi 4 novembre 2006

Quête d’octobre

Chemin vers Saint Jacques de Compostelle
Du Puy en Velay à Santiago de Compostela – 1600Kms


Cette longue semaine d’octobre m’a emmené, pour partie, sur le chemin que j’avais réalisé en 2004 en compagnie de Stéphanie et d’Albertine.

Je m’arrêtais au Carmel de Moissac, certain, que j’y avais quelque chose à redécouvrir… Là, je franchis l’entrée des pèlerins, où j’étais entré, épuisé, il y a deux ans, le sac sur le dos et les pieds brûlants, puis accueilli avec une chaleur hospitalière qui m’avait beaucoup marqué… Ne trouvant personne à l’intérieur en cette période avancée, et mon intuition me disant de rebrousser chemin, je réfléchissais à toute la route entreprise pour passer ici et je ne voulais pas partir sans au moins une rencontre à qui exprimer ce que je venais faire ici.

Après un moment, ne trouvant toujours personne, je décidais, malgré tout, de retourner vers l’entrée. Là, comme à l’évidence, et comme je le sentais, je rencontrais ceux qui allaient me conduire vers la personne que je souhaitais revoir.

Je rencontrais donc, Mickäel, le réflexologue, dont j’avais, deux ans auparavant, bénéficié des soins. Nous discutâmes longuement des qualités de cet endroit particulier et de toutes les ondes bénéfiques que l’on y ressent. Je l’entretenais également de mon désir depuis mon passage ici et le chemin de cette année là, de mon intention de me former et de m’instruire dans cette discipline, afin de pouvoir, quand l’heure de la retraite aura sonné, la pratiquer sur le chemin 1 ou 2 mois l’année, voire plus. Je ne sais pas encore où, bien évidemment. Il m’encouragea vivement dans cette voie, et je vis là, une pièce supplémentaire à mon puzzle qui se mettait en place. Je repartais vers le sud-ouest en passant soigneusement par chacune des étapes de cette année là, et revivais avec beaucoup de bonheur tous ces instants vécus, qui m’appelaient à continuer sur cette voie éclairée.

Arrivé à Aire Sur l’Adour quelque 200kms plus bas, je rencontrais de nouveau notre ancien prêtre de Formerie, que j’avais également rencontré en 2004, puis 2005, en y passant avec les sacs à dos, puisque ce fut notre ville étape. Beaucoup d’informations échangées, là aussi, m’engageaient plus avant sur cette nouvelle route.

Je remontais ensuite pour rentrer chez moi, par la Lozère. Je rencontrais là, avec beaucoup de plaisir Jean-Marie et Marie-Rose, qui m’accueillaient avec une joie partagée. Je passais la journée avec Jean-Marie à la chasse au sanglier. Une activité inconnue pour moi, qui me permit surtout de ramener des ceps cueillis dans ces grandes forêts de l’Aubrac à l’ombre des sapins, où ils prolifèrent. Puis rentrant au bercail par des prés, nous ramassâmes de superbes coulemelles, dégustées le soir même, retournés dans des oeufs et recouverts de chapelure, cuisinées par Marie-Rose un fin cordon. Un délice.

Le jour suivant, repassant par la Bourgogne, je n’envisageais pas de passer sans avoir au moins essayé de rencontrer Chantal, une animatrice de Psychophonie, près d’Autun, avec laquelle j’avais, quelques années auparavant, découvert cette discipline en compagnie de Stéphanie. Une expérience très intéressante, qui me sert bien sûr encore aujourd’hui. Je comptais arriver en fin de journée dans ce tout petit village de Bourgogne, perdu dans les collines, où un GPS est bien utile pour venir à bout des tours et contours. Je fis le chemin au filling, me fiant à mon instinct, un peu à ma mémoire. Le GPS m’évitant de grossières erreurs. Arrivé vers 16h je remarquais de nombreuses voitures au domicile de Chantal. Il y avait donc un stage en cours. Je décidais donc de quérir un gîte pour la nuit et de revenir ensuite à la fin de la journée de stage. Je refis donc de mémoire, le chemin fait deux ans auparavant lors d’un stage à cet endroit, car j’ignorais le nom du village. Je trouvais enfin le gîte de Jean-Pierre où je passerai la nuit. Celui-ci me reconnu et nous parlâmes de Chantal qu’il ne voyait plus guère (il y a 17 kms entre les deux lieux et les stagiaires préfère regagner Autun). Je repris le chemin de Montromble et arrivais chez Chantal, croisant les voitures qui quittaient son domicile. Celle-ci fut enchantée de me voir.
Là encore une autre pièce du puzzle m’encourageait à avancer coûte que coûte.
Chantal me prêta un livre sur le massage métamorphique. Avec là, prise en compte globale de l’individu,  qui semble coller à mes aspirations et à mes capacités du moment. Nous sommes allés dîner ensemble à Autun, puis après avoir déposé Chantal chez elle, je bénéficiais d’une nuit bien calme au gîte de Jean-Pierre.
Je rentrais vers la maison, car ma destination suivante, pour intéressante qu’elle fut coupé par ce moment présent où j’écris, je suis immobilisé par une cruralgie fort douloureuse qui m’oblige à faire un "arrêt sur image", afin d’approfondir ma réflexion, avant de terminer les 18 mois de travail actuelle qui me restent et de prendre cette nouvelle route.

Sans que j’en évoque le détail, de nombreuses informations croisées entre tous ces amis rencontrés m’ont permit d’avancer et de forger un avenir plus certain, en même temps que ceux-ci devaient à l’évidence y trouver aussi quelques matières à réflexion.

Mon périple d’octobre devait passer en dernier lieu par les Ardennes où je devais rencontrer une amie rencontrée sur le chemin de Compostelle en 2005. Mais cette rencontre était remise. Par contre les informations échangées par téléphone, me permirent de l’informer que ma dernière rencontre pouvait l’aider à trouver les informations qu’elle cherchait elle-même pour une activité dans sa région (ateliers de chant avec des retardés mentaux). Le monde est si petit.
Gilles
à suivre…

vendredi 21 juillet 2006

Avant: Des idées vous traversent l’esprit…

Avant de partir… Bien se préparer…

C’est plus dans la tête…Q : Et les chaussures… Et les vêtements… et pour la pluie… Et le soleil… Ah ! Oui. et les ampoules… Et les insectes, les moustiques…
R : Et bien regardez les liens du site il y a des centaines de sites qui en parlent bien mieux que je ne le ferais (faites une recherche sur google ou autre). Mais le matériel a son importance : En 1er vos chaussures, choissisez les avec soin et entraînez-vous avec. Ensuite votre sac à dos (le compagnon le plus intime pour 1600kms), vêtements faciles à sécher (le coton n’est pas forcément l’idéal), le bâton (un vrai bourdon de 2 mètres si vous avez des bras comme popey, sinon un ou deux bâtons de randonnée en aluminium), appareil photo (ou carnet pour croquis, si vous en avez le don). un mobile (pas indispensable, surtout si l’on est parti pour se couper du monde).

Vos meilleurs amis pour ce chemin : Vos pieds… Prenez-en grand soin… (Lisez les conseils prodigués sur beaucoup de sites)
Votre pire ennemi : Vous même et votre peur de manquer, qui vous fera charger votre sac à dos de multiples inutilités, mais qu’il faudra porter tout le long du chemin… (En 2005, je suis parti avec 16kgs, j’en ai renvoyé 4 par la poste au bout de trois jours… Cette année 2006, malgré l’expérience, j’avais au moins 3kgs de vêtements ou matériel superflus… Pour la prochaine fois c’est juré je limite à 10kgs eau et nourriture comprise…)

Partez avec le coeur ouvert comme un enfant qui découvre le monde, et chaque jour un peu plus, laissez de coté vos préoccupations, laissez tomber vos à priori, vos certitudes, vos peurs du lendemain, de l’inconnu…

N’oubliez pas de noter vos réflexions chaque jour… Plus tard vous serez heureux de retrouver ces notes et les sentiments liés aux situations qui les ont suscités vous reviendont en même temps que le souvenir de ces moments importants.

Des “idées reçues”, des “on dit”, des “on m’a dit que…” des “il paraîtrait que, mais je suis pas vraiment sûr”…

un peu d’humour…

Q : Il y a des serpents sur le chemin ?
R : Comme ailleurs, je n’ai sans doute pas eu de chance, je n’en ai jamais aperçu (et je le regrette), juste une malheureuse couleuvre apeurée par notre passage…

Q : il y a encore des loups sur le chemin !!!
R : no comment.

Q : Et des ours !!!
R : Sans doute… Et des baleines ? Et des crocodiles…

Gilles
A suivre…

Lettre à Elodie

Lettre à Elodie, jeune maman sur le Camino, qui souhaitait connaître l’expérience d’autres pèlerins rencontrés.

L’idée du Camino n’était pas mienne, mais quand ma fille (sage-femme comme toi) me le proposa, je sentis comme bien trop ‘gigantesque’ cette entreprise, mais en même temps je la ressentais comme une épreuve nécessaire pour avancer. (mon épouse décédée en 1995, j’avais toutes les peines du monde à entrevoir un avenir serein. Un peu comme si les autres continuaient leur vie et que j’étais sur le bord de la route en sursis). Je n’avais pas d’attente particulière en entreprenant le Camino, et pourtant j’allais en tirer année après année, une joie de vivre et de poursuivre la route le plus loin possible. Aujourd’hui, j’ai 20 ans de projet devant moi et beaucoup de projets que j’avais rangés dans l’oubli et qui sont également prêts à resurgir si le temps me le permet…

De la marche en groupe à 16 en 2002, puis à 10 en 2003, j’avais appris, ou réappris, le partage en groupe bien sûr, tantôt porté, tantôt se laisser porter, mais aussi à rester un peu en retrait des autres membres, essayant de ne pas obligatoirement me sentir concerné ou impliqué dans chaque action ou discution. J’imaginais aussi ce que chacun dans ce groupe pouvait tirer de cette expérience ce que ces relations croisées pouvaient leur apporter. Sans doute différent pour chacun, suivant son expérience et ses attentes.

De la marche avec ma fille Stéphanie en 2004, et la rencontre avec une jeune allemande, un peu égarée loin de son pays, et cherchant peut être à se raccrocher, j’en ai tiré l’expérience d’une amitié tellement forte, qui allait devenir une véritable Love story entre un ‘père’ et sa ‘fille’ (adoptive évidemment). Si forte, d’ailleurs, qu’elle et son petit-ami sont en route en ce moment même où je t’écris, à vélo depuis l’extrémité de l’Allemagne pour le seul plaisir de venir me voir ! J’ai eu l’occasion de rencontrer sa maman à Chemnitz alors que j’étais invité là-bas autour de Noël 2004, et elle me fit part de ce que sa fille avait apprit du chemin, mais plus particulièrement de ce que notre rencontre l’avait murie. Pas tellement de ce que j’avais pu lui dire, car à l’époque ce qui me restait de l’anglais scolaire était bien loin, mais plutôt de son sentiment global de cette rencontre (nous avions cheminé 8 jours tous les trois). Et là d’un seul coup l’on se sent utile aux autres, et la vie reprend du sens. Et l’amour que l’on donne et que l’on reçoit dans le même temps, bien que l’on en comprenne pas toujours tout le sens, ne reste jamais sans effet. Une bien belle expérience et une belle caresse dans ma vie : Imaginer qu’elle et son petit-ami veuillent faire tout ce chemin pour le seul plaisir de se promener, soit. Mais accepter avec humilité que c’est pour moi qu’il le font, c’est une expérience bien plus difficile a accepter. Il est plus facile de donner que d’accepter avec humilité. Comme quoi les choses évoluent toujours et ne sont jamais fixées. Et aussi le fait de dire les choses et d’échanger avec d’autres, fait avancer bien plus que d’y réfléchir seul.

Puis en 2005, marchant de nouveau avec Stéphanie, d’autres rencontres plus nombreuses ont réitéré à des niveaux différents ces nécessités d’aller vers les autres avec le coeur ouvert afin de les rencontrer réellement (et là je pense à l’haptonomie que l’on exprimait ensemble sur le chemin). Et pour moi, nouveaux amis, nouveaux voyages. J’ai revu des pèlerins 2005 cet automne et ils viennent me voir en 2007.

Cette année 2006, partant seul, j’ai découvert, après le stress du départ isolé, et par obligation, le désir, mais aussi la nécessité ‘d’oser’ faire le premier pas. Pour aborder un autre pèlerin, ou un habitant. Ce n’était pas extraordinaire en soi, mais mon expérience de vie avait toujours souffert de cette timidité naturelle ou de cette peur du ‘je ne sais quoi’ : Cette espèce de peur que ‘l’autre’ puisse bien penser sur nous quelques choses qui ne nous plairait pas. Miroir, peut être, de ce qu’on l’on penserait nous-même sur ceux-là si les faits étaient inversés… Plein de rencontres, plein de voyages à faire. Beaucoup de bonheur en fait.

Je rajouterai un peu du plaisir de découvrir un peu de ce que les autres découvrent eux-même en prenant un peu de temps à observer. Et voir tous ces jeunes 18/25 ans qui cheminent est une espérance en l’avenir. Si je devais résumer mes cinq années de morceaux de Camino, je dirai que l’expérience globale que je tire du Camino, et sans conteste, que chaque rencontre a une utilité. Que je crois que chaque rencontre est écrite dans le “grand livre” de la vie. Qu’il nous est nécessaire voire indispensable pour avancer d’oser les rencontres proposées, parce que l’on a toujours quelque chose à donner et/ou à recevoir. Qu’ils nous faut faire l’effort de se garder de l’apriori sur ce que tel événement peut apporter ou non (cf : l’Aubergue San Bol). Et aller en avant en se frayant un chemin au feeling.

Élodie, j’espère ne pas avoir été trop bavard, et que ces quelques réflexions
toutes personnelles pourront t’être de quelque utilité.

Amical souvenir du Camino.
Gilles