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dimanche 9 mars 2014

Témoignages

2009-2013 - De Boutavent-la-Grange (60) à Saint Jacques de Compostelle / pour Revue-ECHO
Un périple aller-retour de près de 4500km à pieds
« Se découvrir soi-même »
 
Jacquet depuis douze ans, Gilles, vient de rentrer en juin dernier d'un aller-retour de chez lui à Compostelle. Chaque jour la rencontre d'autres pèlerins vivant la même aventure et la découverte de multiples et superbes paysages ponctuèrent ces 220 jours et un peu moins de 5000 km de marche, quatre années durant. Il avait préalablement parcouru, comme la plupart des pèlerins français, les 1600km de la Via Podiensis puis du Camino Francés.

Mais qu'allait-il donc bien faire dans cette galère ? Pluie, vent, moustiques, soleil brûlant, ampoules et tendinites... Démarche de Foi ? Rencontre des autres ? Plaisir de la marche ? Fuite de la réalité ? Ou plus simplement démarche d’aventure, de développement de soi-même, de prise de conscience de sa propre réalité et responsabilité au milieu de ses semblables. Il nous en dit un peu plus...
 
De 2002 à 2013
« Depuis une douzaine d’années, j'emprunte comme des milliers d’Européens et de pèlerins de toutes nations, ce chemin de pèlerinage légendaire et mythique qu'est le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. ». « Parti une première fois, et comme beaucoup, pendant les périodes disponibles de congés annuels, je parcourais en groupe, puis en compagnie de l’une de mes filles puis seul les 1600km de la Via Podiensis reliant Le Puy en Velay à Saint Jean Pied de Port puis « Le Camino Francés » de Saint Jean Pied de Port à Saint Jacques de Compostelle. Un périple aux allures d’épreuve tantôt aisée tantôt difficile qui dure environ 80 jours. »

« Ayant mis fin à mes activités professionnelles en 2008 je décidais de recommencer l'aventure l'année suivante. Seul d’un bout à l’autre cette fois. Je partais de Moissac dans le Tarn et Garonne, ville où depuis 2006, je suis chaque année « hospitalier bénévole ». Ce périple de1200 km effectué, j'ai pensé que de rejoindre mon domicile me serait encore d'avantage profitable. Ce que je réalisais en 2011 en partant par le chemin des Miquelots vers Le Mont Saint Michel et de là vers Moissac, point de jonction de mon périple précédent. Ayant rejoint à pieds mon domicile à Saint Jacques je ne souhaitais pas m'arrêter ainsi et entrepris les deux années suivantes de faire le chemin du retour. Je me remémore de temps à autre tous ces gîtes, tous ces pèlerins et hospitaliers rencontrés, dont certains sont devenus de fidèles amis. Que de richesses amassées, de celles qui durent. »

Pratique
« Pour moi, la marche solitaire est plus riche que la marche en groupe. Vous marchez à votre rythme et vous êtes disponible à échanger. Grâce à la marche au long cours on apprend beaucoup de soi-même, après s’être débarrassé de ses pensées parasites, on apprend à lâcher-prise des tracas habituels, on est d'avantage ouvert à l’échange avec ceux que l’on rencontre. On prend le temps de contempler la nature généreuse et ses mélodies de formes et de couleurs.
Les premiers huit jours sont les plus difficiles, il est nécessaire de dérouiller un peu la machine, encrassée durant l’hiver. Il faut aussi savoir se poser, s’arrêter à temps, avant la crampe, boire suffisamment d’eau pour éviter la tendinite. 
Comme chacun je suis passé par tous ces petits tracas que j’ai petit à petit appris à apprivoiser. » « Il y a le gîte du soir à trouver. Quelques gîtes ont des heures fixes d'ouvertures, d'autres non. Puis il y a la nourriture à approvisionner, les repas à préparer. Le bon sens nous fait marcher quand c’est possible au soleil montant. Après 14h il fait trop chaud et l'énergie diminue. »

« On apprend aussi à s’alléger. Ne prendre que le nécessaire. Faire la chasse au superflu Je sais que c’est difficile de se limiter au strict minimum, car naturellement on a toujours peur de manquer. Avec le poids excessif on avance moins vite, mais pour chacun c’est une expérience à vivre. Apprendre à lâcher le superflu. Puis ensuite dans la vie comme dans le sac.»
 
« Si vous partez de Saint-Jean Pied de Port, au pieds des Pyrénées, vous débutez par une longue montée de 1300m de dénivelé, pour un premier jour c’est une épreuve qui fait abandonner certains, tandis que si vous marchez déjà depuis quelques jours, la traversée des Pyrénées vous semblera plus aisée. »
 
« Une certaine "tradition" voudrait que le pèlerin parte de chez lui, et fasse le retour à son domicile. Beaucoup de marcheurs de St Jacques débutent soit du Puy-en-Velay, un des lieux de départ très prisé ou d’un autre des lieux de départ connus (Tour, Vézelay, Arles) ou de Saint-Jean-Pied-de-Port pour ceux qui ne feront que la partie espagnole. En fait chaque pèlerin effectue le chemin à son rythme personnel et nul ne peut dire à la place d'un autre ce qui est bon ou mauvais pour lui. Chacun le découvre seul au fur et à mesure de son avancée et l’ayant expérimenté ne pourra plus jamais oublier. »

Devenir Hospitalier à son tour...
« Après avoir parcouru une première fois ce chemin je me suis engagé tout naturellement comme hospitalier bénévole dans un centre d’accueil pour pèlerins. J’ai choisi Moissac qui se situe à mi-chemin entre ma maison et Saint Jacques de Compostelle, et qui m’avais particulièrement marqué. C'est une façon simple de rendre un peu de l’accueil que l’on a reçu tant et tant de fois tout au long du chemin et de vivre autrement la rencontre et le partage avec ceux qui à leur tour se lancent dans l’aventure. »

Et la démarche de Foi là-dedans ?
« Je dois dire que mes deux premières années 2002-2003, réalisées en groupe, s’il fut facile à suivre parce qu’organisé par les plus aguerris, fut de ce fait plus une formidable promenade entre amis qu’une véritable démarche pèlerine.
Mais les années suivantes, avec les milliers de kilomètres parcourus, l’on se change un peu chaque jour, insensiblement mais assurément, on ne s’en rend pas vraiment compte, mais ce sont d’autres qui vous le disent. Sa petite vision « pèpère » du monde évolue, l’on se sent à part entière cellule d’un seul corps... Les autres vous
apparaissent comme d’autres cellules dont vous êtes à la fois responsables et dépendants. À la vue des magnifiques paysages traversés, les départs du matin deviennent chaque jour louanges malgré soi, comme émanant de notre parcelle divine intérieure. L’on peut alors s’abandonner au Divin, le laisser agir en nous. »
 
Et après
« Quand on a commencé de cheminer la route n’est jamais finie. 2014 sera un extra. Je pars faire le chemin des sanctuaires, chez « nos cousins » du Québec. Dénommé par d’anciens pèlerins de Compostelle leurs fondateurs : Le petit chemin de Compostelle. » Il relie l’Oratoire Saint Joseph du Mont Royal (Montréal) à Sainte Anne de Beaupré (près de Québec), passant tout le long du fleuve Saint Laurent, dont la Basilique Notre Dame du Cap de la Madeleine à Trois Rivières. Des amis québécois rencontrés en Espagne en 2008 m’y accompagneront. »

 

samedi 20 juillet 2013

Domicile - Santiago - Domicile : Périple accompli

Eh bien ! Ça y est le retour au bercail est réalisé, le périple 2013 est accompli sous l'eau en grande partie, mais comme je le disais en route, l'eau c'est la vie donc il n'y a pas de soucis. Donc la marche sous l'eau je connais bien. Par contre la marche sur l'eau je n'ai pas encore réussi, et ce serait tellement plus simple que de faire tous ces détours pour trouver un pont.

En parlant de Pont je pense en premier lieu à Tours où les seuls panneaux que l'on rencontre concernant les piétons sont ceux d'interdiction. Il faut en faire des kilomètres pour comprendre où passer. Et à pied ce n'est pas en auto. J'ai tout de même trouvé, mais que de détours.

Les travaux de la ligne TGV au sud de Tours réservent aux pèlerins, randonneurs et piétons bien des surprises. Pas de déviation. Les gens à pieds utilisant le GR sont tout simplement considérés comme quantité négligeable et sont contraints d'utiliser les déviations de plusieurs kilomètres décernées à la circulation routière. Le GR655 (Voie de Tours) n'est-elle pas inscrite comme celle du Puy au patrimoine mondial de l'humanité ? Alors bien sûr une ligne Régionale serait-ce de TGV prend le pas sur une voie Internationale. Cherchez l'erreur. Bravo messieurs les projeteurs !].

à Sorigny une surprise : Deux pèlerins hollandais descendant vers Compostelle sont au gîte chez l'habitant.

Ce sera enfin la traversée de l'Eure et un arrêt en famille à Gravigny, avant de bifurquer à 90° vers l'Est et regagner le sol Picard où m'attendent avec beaucoup de sympathie les membres de l'association pour mon arrivée à Beauvais, qui malgré les 40 km qui me restent à parcourir pour rejoindre le nord du département, marqueront ainsi par la chaleur de leur présence, la fin de cet aller-retour de mon domicile à Santiago par Le Mont St Michel et Moissac (environ 4500 km). Un arrêt la veille chez l'une de mes filles commençait de sceller le retour au pays dans l'ambiance familiale.
Chaleureux accueil au Gîte de Beauvais
Les 45 derniers kilomètres seront pour un ultime fois coupés par une halte chez l'habitant (Marie Laure).
Le 21 juin je touchais enfin le but, heureux d'avoir accompli cet "exploit" pour certains, "randonnée" pour d'autres, "pèlerinage" pour d'autres encore, mais à l'évidence un très long périple, apprentissage pratique des bienfaits d'une telle démarche. Tranche de vie pleine de richesse, des dizaines d'amis et d'amies pèlerins que je me plais au gré des moments disponibles à revisiter en Europe ou au Canada.
Ce long chemin, même s'il fut réparti sur 8 mois à raison de 2 mois par an, et même s'il fut une réitération d'un premier en tronçons plus courts entre 2002 et 2008, fut toujours positif à bien des égards. Moissac, au gîte de l'ancien carmel, où je passais à maintes occasions par ailleurs, faire de l'accueil ou pour le plaisir, était chaque fois mon point de repère.

dimanche 2 juin 2013

Tours en vue

Me voici à deux jours de Tours.
Trois jours que les habits de pluie sont restés dans le sac à dos. Quel soulagement! Marcher avec quelques éclaicies qui vous font se réjouir d'être là sur ce chemin à ce moment où le soleil se dévoile et réchauffe un peu le corps que le vent glaçait. Le moment présent dans toute son expression.

Un petit écart de deux jours à l'ouest visiter Philippe le fréro number six et la vieille tata tourangère.
Poitiers fut l'occasion d'être reçu chez l'habitant. André et Monique m'accueillent dans leur maison de Buxerolles un peu au nord de la ville, mais assez près pour la voir toute entière d'un seul regard. Halte qui fut un véritable cours d'histoire par André, ce retraité très féru de l'histoire de sa ville.

Extrait wikipedia : "Ville d'art et d'histoire, celle qu'on surnomme encore « La ville aux cent clochers » est riche d'un important ensemble monumental comprenant notamment le baptistère Saint-Jean (IVe siècle), l'hypogée des Dunes (VIIe siècle), l'église Notre-Dame la Grande (XIIe siècle), l'église Saint-Porchaire (XIIe siècle) ou encore la cathédrale Saint-Pierre (fin du XIIe — début du XIIIe siècle). Son centre historique concentre de nombreuses maisons à colombages, quelques hôtels particuliers — hôtel Fumé, hôtel Jean Beaucé — ainsi que l'ancien palais des comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine (XIIe siècle), aujourd'hui reconverti en palais de justice."

A Naintré le splendide gîte de "La Barque" à ne pas manquer. Accueilli par la personne de permanence qui, vue l'heure de 12h30, fermait soigneusement sa porte. M'apercevant, elle fit demi-tour et m'accueillait avec le sourire. Ce gîte est tenu en association locale. Deux autres pèlerins seront présent dans l'après-midi, les seuls que je rencontre en gîte depuis mon passage à Montréal du Gers. C'est Malika qui nous prépare un succulent repas.

Sainte Maure de Touraine, l'étape d'hier. L'office du tourisme gère ce gîte pèlerins construit dans la roche. Maison troglodite un peu fraîche mais où tout est présent pour faciliter le repos et la reprise des forces nécessaire le jour suivant. Cuisine sobre mais bien équipée. Douche avec un petit chauffage d'appoint bien accueilli compte tenu de la température encore printannière. Les accuillants à tour de rôle viennet voir les pèlerins arrivés. L'ouverture n'est qu'à 16h, heure un peu tradive pour que le linge trouve le temps de sécher.
J'arrivais à Ste Maure vers les 15h. Ici c'est la fête du fromage local du même nom. Le sac sur le dos, je monte dans la vieille ville et découvre le village en fête. Une association locale remet les anciens tracteurs agricoles en état pour le plaisir de garder vivante leur portion d'histoire : Une magnifique machine à vapeur qui semble flambant neuve est reliée par une large courroie d'entraînement à une batteuse. De nombreux tracteurs anciens se cotoient dans des couleurs variées.